68ème Assemblée Générale de la FDSEA de la Gironde : la gestion des risques en débat

6 avril 2014
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Intempéries 2013 et contraintes économiques ou réglementaires obligent, la FDSEA a placé la Gestion des Risques au coeur de son Assemblée Générale du 18 mars dernier.

Parce que les difficultés économiques, réglementaires, juridiques ou encore climatiques s’accumulent ces dernières années, la Fédération Départementale des Syndicats d’Exploitants Agricoles de la Gironde a choisi de centrer son Assemblée Générale 2014 autour de la thématique de la « gestion des risques » par les chefs d’entreprise.
L’occasion d’une présentation rénovée pour cette 68ème édition de ce rendez annuel, qui se tenait le 18 mars dernier à la Maison des Vignerons Indépendants, à Artigues-près-Bordeaux.

Ainsi le rappel des événements marquants de l’année syndicale 2013 a-t-il été proposé en vidéo (consultable dans l’espace Adhérent du site fdsea33.fr), initiant sans surprise les premiers échanges avec les délégués sur les problématiques de marchés, de relations contractuelles, de gestion du foncier, de contentieux environnementaux ou encore de grêle et de coulure, etc.

Une excellente introduction au débat d’orientation qui devait suivre, en seconde moitié de matinée.

Le format table ronde interactive a donc été préféré cette année à la traditionnelle tribune et aux discours protocolaires. Celle-ci, intitulée « Agriculteur : le salaire de la peur » avait pour invités des représentants du Medef (Yves Ratel, également président de la CCI de Libourne), de l’UNAPL (Eric Ozoux, président de l’UNAPL-Aquitaine) et de la FNSEA (Joël Limouzin, vice-président de la FNSEA et président du FMSE).
Ainsi l’assistance a-t-elle pu appréhender les difficultés communes à l’ensemble des chefs d’entreprise français et les opportunités qui s’offrent de mener certains combats et actions en synergie avec les autres organisations syndicales patronales.

Risques liés à l’emploi de main d’oeuvre, risques économiques liés à la volatilité des prix et aux distorsions de concurrence intra- et extra-européennes, risques environnementaux, risques climatiques ou encore risques sanitaires... Autant de facteurs à prendre en compte dans la gestion d’une entreprise. Certains appellent une réponse individuelle, d’autres une action collective mutualisée, d’autres encore l’intervention des pouvoirs publics ou des modifications législatives. Mais au final, la gestion de tous ces risques mettent le chef d’entreprise face à des choix personnels.

Laurent Rousseau, viticulteur et président du conseil des prud’hommes de Libourne, aura été le premier à ouvrir le feu sur les risques juridiques et financiers liés à l’emploi de main d’œuvre. Des risques issus d’une réglementation de plus en plus complexe et contraignante, souvent inadaptée aux petites entreprises et qui, conjugués à la pénurie de main d’œuvre, amènent de plus en plus d’exploitants agricoles à externaliser certains travaux.  Parmi les pistes d’action évoquées sur ce point lors du débat figure le développement d’une communication commune visant à présenter le travail comme une chance et à contrer sa dévalorisation morale progressive, due notamment à sa fréquente association avec les notions de « pénibilité » ou de « risques ».

Au chapitre des risques économiques, l’ensemble des intervenants s’accordaient à dénoncer les distorsions de concurrence avec nos concurrents étrangers, notamment sur le plan des charges fiscales et sociales. L’occasion pour les représentants de la FDSEA et de la FNSEA de rappeler le rendez-vous raté de la TVA-sociale et leur attachement à retrouver de la compétitivité en matière de coût du travail, plutôt que se contenter d’un CICE mal calibré.

Le traitement des risques liés à l’environnement ne pouvait se faire sans évoquer l’emblématique « Affaire Amblevert », symbole d’une action syndicale qui peine à faire reconnaître la nécessité d’un pragmatisme local efficace face au dogmatisme des ONG environnementalistes et de certaines administrations tout autant intégristes : gestion et entretien des cours d’eau, empilement de zonages et contraintes en tous genres (zones humides, zones vulnérables, Natura 2000, SCOT...), directive nitrates, gestion des phytosanitaires... autant de sources potentielles de contentieux juridiques qui mettent en péril les exploitations agricoles.

Bien sûr, il ne pouvait être question de gestion des risques sans aborder la question des aléas climatiques : représentative du terrain, l’assemblée afficha des divergences de vue quant à la solution assurantielle. Tous les participants convenaient cependant que la solution devait être plurielle (amélioration des dispositifs fiscaux, mises en réserves climatiques, adaptation de l’assurance aux spécificités des diverses productions). Le travail devra se poursuivre pour améliorer et développer l’offre assurantielle dans le domaine climatique.

Enfin, profitant de la présence de Joël Limouzin, président du Fonds national agricole de Mutualisation Sanitaire et Environnementale (FMSE), le point a été fait sur la nouvelle gouvernance sanitaire et sur les perspectives de coopération intra- et inter-filières dans le domaine de la prévention et de la gestion des crises sanitaires et environnementales.

Entre mutualisation de moyens, recherche de synergies et logiques de filières, la profession agricole se mettra-t-elle se mettre en marche et réussira-t-elle à convaincre les pouvoirs publics de cofinancer suffisamment et durablement les dispositifs de gestion des risques climatiques, sanitaires et environnementaux, afin de garantir la pérennité des exploitations agricoles françaises ?

C’est sur un appel à fédérer les énergies, au sein de la profession comme avec les autres secteurs d’activité, pour mener à bien tous les chantiers syndicaux évoqués lors de cette table ronde, que les représentants de la FDSEA et de la FNSEA ont conclu cette Assemblée Générale.