La contractualisation, un des éléments clefs d’un syndicalisme à vocation économique

1 novembre 2009
Fdsea33-2013

Les évènements que nous traversons sont révélateurs d’un vrai et profond malaise au sein du monde agricole. Avec le mouvement de grève de certains producteurs laitiers, on s’aperçoit combien il est difficile aujourd’hui pour notre syndicalisme de se faire entendre et donc, a fortiori, de se faire comprendre sur le terrain.

"La contractualisation, un des éléments clefs d’un syndicalisme à vocation économique"
- par Xavier Beulin, Vice-Président de la FNSEA -

Que disons-nous ? Que face à la dérégulation de la politique agricole, il est temps de regrouper les producteurs dans une organisation économique à même de s’affirmer comme un partenaire incontournable.

Ce n’est qu’ainsi que l’on pourra mettre en place de nouveaux outils de gestion des marchés et que pourra se développer une contractualisation réelle entre des interlocuteurs qui se respectent, leur destin étant intimement lié.

Sinon que se passera-t-il ?

Face à des marchés puissants et des distributeurs archi-concentrés (GMS, pétroliers, industriels...), les producteurs n’auront aucun poids et les organismes collecteurs guère plus. Le libéralisme basé sur la soumission des uns par rapport aux autres sera de mise, avec comme porte de sortie la révolte désespérée de ceux qui ne peuvent plus rien gagner car ils ont déjà tout perdu.

 

Cette grève du lait, symbole de la crise profonde que traversent tous nos secteurs de production, a pourtant été basée sur le refus de la contractualisation, synonyme pour ses détracteurs, d’intégration. Une position qui interpelle réellement les responsables d’organisations que nous sommes.

Soyons clairs : confondre intégration et contractualisation, c’est faire l’aveu que l’un des acteurs est le maillon faible de la chaîne de valorisation du produit, c’est-à-dire qu’il n’est pas à même de " peser " sur les discussions.

C’est donc bien la question du poids des producteurs qui est aujourd’hui clairement posée et non celle de la contractualisation.

 

Oublions donc le mirage hypocrite qui consiste à dire qu’il sera possible de revenir à une politique de prix administrés, qui plus est dans une Europe à 27 et ce, même si certains en rêvent.

Bâtissons notre politique à partir du réel. Revenons-en à l’essentiel : chacun se rend bien compte que sans contractualisation, c’est la loi de la jungle qui s’applique et que les perdants sont le plus souvent les producteurs. Le sujet est donc bien l’organisation des filières par et pour les producteurs.

 

 

Un vaste sujet qui peut s’articuler autour de six grands thèmes :

  • Comment s’organiser pour conquérir les marchés et regrouper l’offre ;
  • Quel rôle et quelles missions pour les interprofessions ;
  • Quels types d’accords interprofessionnels cadre encouragés, et avec quel contenu, afin de permettre aux acteurs d’une même filière de le décliner ensuite concrètement pour régir leurs relations commerciales spécifiques en toute sécurité ;
  • Quelles relations entre le végétal et l’animal ; 
  • Jusqu’où pousser le raisonnement " filière " pour gagner les centimes additionnels (recherche, transports, énergies...) et
  • Comment conserver la maîtrise des outils c’est-à-dire comment construire un pouvoir syndical fort.

Voilà ce qu’il nous faut travailler.

Profitons de la consultation sur la Loi de Modernisation de l’Agriculture – appelée entre-temps par le Président de la République " loi d’orientation " - pour faire part de nos propositions.

Des propositions concrètes car la création de filières par les producteurs n’est pas une vue de l’esprit : nous le savons bien.

Des propositions réelles car l’implication des producteurs dans la gestion de ces filières est possible : nous le savons également.

Certes, cela suppose une volonté et une vision.

Cela suppose aussi deux choses. D’abord, d’avoir la volonté de combattre l’idéologie par la pédagogie, exercice certes difficile mais le seul qui confère aux responsables la crédibilité dans la durée.

Ensuite, de bien comprendre que notre rôle ne peut se limiter au seul syndicalisme contestataire mais qu’il doit au contraire s’exprimer et s’affirmer encore davantage dans un syndicalisme à vocation économique.